Aoste et la Savoie
Notes ayant servi pour préparé l'exposé fait le 6 mars 2010 aux adhérents de la Savoisienne Philanthropique de Lyon
1-Présentation générale
Le
Val d'Aoste est situé au nord de l'Italie. Il jouxte les
deux départements savoyards et la Suisse (Valais). Il
est au cœur des plus grands sommets des Alpes : Mont Blanc, Dent
du Géant, Grandes Jorasses, Cervin, Mont Rose, Grand Combin,
Grand Paradis, tous au dessus de 4000 m d'altitude.
Le
territoire correspond à la haute vallée de la Doire Baltée. Sa
superficie est de 3262 km², les dimensions maximum sont de 100 km en
longueur et 65 en largeur. (NB : la Doire ripaire irrigue la
vallée où se situe la ville de Suse).
C'est un pays très
montagneux. La vallée principale de la Doire ainsi que celles des
rivières adjacentes sont étroites. Seul le bas de la vallée centrale de
la Doire Baltée se trouve à une altitude inférieure à 500 m ; 20% du
territoire est situé en dessous de 1 500 m ; 58 % à une altitude
comprise entre 1500 et 2 700 m ; 20 % dépassent cette altitude et 6 %
sont recouverts par des glaciers, soit 190 km2. La ville d'Aoste
est à 583 mètres d'altitude.
La Vallée compte 74 communes et 8
communautés de montagne, elle a pour chef lieu Aoste, une ville de
35.000 habitants et la population totale de la Région est de 120 000.
C'est
le domaine des Grands Parcs Naturels avec le plus ancien en Europe,
celui du Parc National du Grand Paradis (70 000 hectares), créé
par le roi Victor Emmanuel III de Savoie en 1922, où 3000 animaux
sauvages vivent en pleine liberté et que l'on peut voir à peu de
distance. Pour la création de ce parc, Victor-Emmanuel III avait donné
en 1919 à l’Etat italien les réserves de chasse que possédait la
famille royale de Savoie dans la Vallée d’Aoste.
La ville
d'Aoste est située à la jonction de deux vallées importantes pour les
communications. L'une est celle de la Doire Baltée, qui remonte vers le
mont Blanc. L'autre vallée est celle du Buthier, qui remonte vers le
Grand-Saint-Bernard. Il y a 14 vallées latérales disposées comme les
nervures d'une feuille d'arbre.
La ville communique avec la
Suisse (Valais) par le col du Grand-Saint-Bernard
(2473 m) ainsi que par le tunnel du même nom (6 km, ouvert en
1964), et avec la France (Chamonix) par le tunnel du
Mont-Blanc (11,6 km, mis en service en 1965) et avec la
Tarentaise par le col du Petit-Saint-Bernard (2188 m). En
suivant la Doire en aval, on accède facilement au Piémont et à Turin
(113 km d'Aoste).
Cette situation de carrefour entre les deux
principaux passages des Alpes du Nord explique l'occupation ancienne du
site. Aoste était une des étapes de la Via Francigena, créée par la
Romains au 1er siècle, pour relier Rome à Londres en passant par
Lausanne, Pontarlier, Langres, Reims, Arras…. Elle devint plus tard,
une importante voie de pèlerinage.
Compte tenu de la configuration
géographique et de leur longue histoire commune, le Val d'Aoste
présente beaucoup de ressemblances avec la Savoie.
NB
: Remarque sur la prononciation par les gens d'Aoste: Le mot Aoste se
prononce en français différemment de l’italien. Alors qu’en italien, on
prononce en trois syllabes A-os-ta, en français Aoste se prononce en
une seule syllabe sans le A initial, c'est-à-dire "oste". La
dénomination Val-d'Aoste se prononce donc "valdost". En
francoprovençal, on dit "ousta" et en piémontais, c'est "aouta".
En français, on a une règle similaire pour le mois d'août: on prononce "out" et non "a-out" .
.
2-Histoire
Les
premiers peuples qui occupèrent la vallée et ses massifs alpins étaient
reconnus comme de redoutables guerriers mais les historiens ne nous
renseignent guère sur les tribus vivant là (essentiellement des
Salasses) protégées par les Alpes qui constituaient une frontière
naturelle.
Après plusieurs tentatives, les Romains, sous
l'empereur Auguste, vainquent les Salasses et occupent la Vallée
en 23 avant Jésus-Christ, puis ils conquièrent le col
(qu'ils appellent col du Mont-Jovis en l'honneur du dieu Jupiter, qui
deviendra plus tard par déformation col du Mont-Joux, puis col du
Grand-Saint-Bernard en l'honneur du saint) et le Bas-Valais. Ils sont
alors maîtres du passage. Ils développent deux villes Augusta Praetoria
au sud (nom donné en l'honneur de l'empereur Auguste, devenu Aoste) et
Octodure au nord (Martigny). Une garnison implantée à Agaune, là où la
vallée du Rhône est très étroite, protège l'empire contre les barbares
du nord.
NB : c'est dans cette garnison d'Agaune que se trouvaient
un groupe de soldats venus de Thèbes en Egypte, commandés par Maurice
et Victor, qui furent mis à mort vers 285 pour avoir refusé
d'abandonner la religion chrétienne. Après la fondation du monastère en
515, le lieu fut appelé Saint Maurice en Agaune, puis Saint
Maurice.
C'est en l'an 1032 que le comte Humbert, le
fondateur de la Maison de Savoie, réunira la Vallée d'Aoste à ses
premières possessions savoyardes (Savoie Propre, Belley...).
Jusqu'alors, les évêques d'Aoste étaient aussi comtes, ils
avaient la juridiction temporelle de la vallée. Humbert ayant
épousé Ancilie, la sœur de l'évêque d'alors, Anselme III, il devint
tout naturellement le lieutenant de l'évêque -ou vicomte- pour les
affaires civiles. A la mort d'Anselme, il devint comte en titre, le
premier comte laïc de la Vallée, sans doute avec le concours de
l'empereur germanique, devenu roi de Bourgogne en 1032. Son fils,
Burchard III devint évêque d'Aoste.
Depuis cette date, la Vallée
fut toujours fidèle à la Maison de Savoie. Cette soumission était assez
facile à accepter car la Vallée bénéficiait d'une large autonomie
interne accordée notamment par la charte des franchises accordée par le
comte Thomas en 1191.
De 1222 à 1466, les
comtes de Savoie allèrent souvent à Aoste (plus de 40 fois) pour tenir
des "audiences générales" ou "grands jours" en vue d'entendre les
plaintes des habitants et rendre la justice. Dans ces circonstances, le
comte (ou duc) arrivait avec une cour nombreuse. Ils étaient
reçus avec tous les fastes dus à leur rang. Ils s'installaient dans un
château leur appartenant ou chez un dignitaire de la vallée. Le comte
(ou duc) commençait par jurer de maintenir les coutumes valdotaines
puis ouvrait la séance des tribunaux et jugeait les causes.
En
1536, les Etats de Savoie furent occupés pratiquement en totalité par
la France tandis que la région du Chablais l'était par les
Bernois/Genevois et les Valaisans. Il ne resta au duc Charles III que
Nice, quelques places au Piémont (dont Verceil) et la Vallée d'Aoste.
Ne pouvant rien attendre du duc, les Valdotains décident de se pendre
en charge. A l'initiative du Bailli Mathieu de Lostan,
l'assemblée des Etats généraux est réunie le 28 février 1536 dans le
verger du couvent saint François avec la participation de seigneurs,
des châtelains des mandements, de députés de toutes les communes et une
foule de citoyens. Suite aux explications du Père Savioz, l'assemblée
décide de persévérer dans la foi catholique en combattant
activement l'hérésie protestante, de rester dans l'obédience de la
Maison de Savoie et de défendre leur patrie en créant immédiatement une
armée pour garder les cols.
Craignant pour sa vie, Calvin qui
était dans la vallée sous un nom d'emprunt (Charles
d'Espeville), quitta la Vallée avec quelques fidèles pour se réfugier
en Valais.
NB : Le Père Savioz est né à Noyon en Picardie, comme Calvin, et on dit qu'ils ont dû faire ensemble une partie de leurs études.
Lors
d'une nouvelle réunion, tenue le 7 mars, l'assemblée des Etats généraux
décide de créer un organe exécutif, "le conseil des commis", composé de
25 représentants des 3 ordres de la société les plus aptes pour régir
la vie publique (clergé, noblesse et peuple). Les réunions étaient
présidées par le bailli qui représentait le duc.
La Vallée étant
alors entourée par la France qui occupait la Savoie et le Piémont, les
Valdotains avaient peur d'être occupés à leur tour et d'être ravagés de
fond en comble. Tout en restant dans l'obédience de la Maison de
Savoie, ils se considérèrent comme état autonome et le Conseil
des Commis négocia un traité de neutralité avec la France. Ce traité,
signé le 4 avril 1537, prévoyait notamment les dispositions suivantes :
l'armée française n'entrera pas dans la Vallée mais les Valdotains
interdiront le passage aux Suisses, Espagnols, Piémontais et
Allemands; les droit de péage sont supprimés entre le Val d'Aoste, la
Savoie et la France; les commerçants de ces pays pourront
circuler et commercer librement. Par deux fois, l'armée française
demanda le passage mais l'Assemblée des états généraux refusa
l'autorisation, ce qui fut admis par les rois François 1er et Henri II
qui, au contraire, acceptèrent le renouvellement du traité jusqu'en
1559.
Lors du séjour qu'il fit dans la Vallée en février 1539, le
duc Charles III confirma les statuts et privilèges de la Vallée et
approuva la création du Conseil des Commis.
Les franchises de la
Vallée furent confirmées par Emmanuel-Philibert dans des lettres
patentes en 1559 et en 1580 où figure cette phrase :" Le pays d'Aoste
est une province séparée qui ne dépend de nos autres provinces deçà ni
delà les monts et qui a ses lois et impositions a part". Les
particularités locales ont été rassemblées dans un "coutumier", publié
en 1588, qui survécut pendant deux siècles. Dans ce cadre, une
particularité intéressante était que la Vallée, en application du pacte
de 1191, ne payait pas d'impôt au souverain mais contribuait à ses
frais par un don, appelé "donatif", et qui était réparti entre les
habitants selon des règles fixées par l'assemblée des états généraux et
dont cette dernière pouvait discuter le montant avec le souverain.
L'épidémie de peste de 1630 arrive dans la Vallée, elle tue les deux tiers des habitants.
Lors de la guerre contre la Ligue d'Augsbourg, le Duc Victor-Amédée II
ayant pris le parti de la Ligue, Louis XIV fait envahir la
Savoie. A cette occasion, une expédition militaire est effectuée au Val
d'Aoste, en passant par le col du Petit Saint Bernard, avec 1000
dragons et 5000 fantassins. Elle ne dura que 2 semaines, du 18 juin au
6 juillet 1691, mais elle fit beaucoup de dégâts : pillages,
assassinats, incendies de maisons, ce fut le cas de l'hospice du
Petit saint Bernard…
Lors de la guerre de
succession d'Espagne, une armée française traverse la Vallée pour aller
au Piémont et l'occupe pendant 2 ans de septembre 1704 à
septembre 1706. La discipline militaire fut en général bien
observée et il n'y eut pas les dégâts et excès de la précédente
occupation.
Au 18ème siècle, dans la cadre de l'amélioration de leur
gouvernance, les rois cherchèrent à unifier les régimes de leurs états,
ils finirent par vider de leur substance les assemblées
locales. Le roi Charles–Emmanuel III commença par refuser de
reconnaître les anciennes libertés valdotaines, ce qu'avaient reconnu
tous ces prédécesseurs lors de leur première visite à Aoste au cours
d'une cérémonie organisée dans la cathédrale. Puis il introduisit les
institutions et les impôts en vigueur dans les autres territoires du
royaume. Finalement en 1770, il publia les Royales constitutions
aussi au Val d'Aoste et en 1773 il supprime le Coutumier et le remplace
par un simple Règlement particulier pour le duché d'Aoste. Dans ce
cadre, le conseil des commis n'avait plus de place, réduit à 6 membres,
il devint uniquement consultatif et il disparut avec la constitution de
1848. De même, le donatif fut remplacé en 1774 par un impôt
d'état. Cette époque marque la fin du "régime valdotain" aux plans
politique et administratif, il aura vécu plus de 7 siècles.
Pendant
la Révolution française et l'empire, la Vallée eut à nouveau à souffrir
pendant 8 années de la part de l'armée française mis aussi des armées
autrichiennes et russes.
Suite à l'adoption de la constitution
civile du clergé en France (12 juillet 1790), la Vallée reçut un
certain nombre de proscrits, comme l'évêque de Grenoble, l'archevêque
de Vienne ou les vicaires généraux de Lyon. Ce mouvement prit beaucoup
d'ampleur lorsque la Savoie fut envahie, le 22 septembre 1792, qu'il
s'agisse de prêtres "non jureurs" ou d'hommes politiques, comme De
Maistre.
Les premiers soldats français arrivent le 3 octobre 1792 à
Valgrisenche et à la Thuile pour garder les cols. Des troupes font des
incursions dans la Vallée, ravageant tout sur leur passage,
particulièrement tout ce qui se rapporte à la religion. Des soldats
pillent les cures, renversent les croix, profanent les églises et
chapelles…. En 1793, 3000 hommes campent dans le secteur, ils
mobilisent les locaux pour assurer leur intendance et le logement. Des
heurts ont lieu avec les troupes sardes mais les Français l'emportent.
En 1794, les Français envahissent le reste de la Vallée. Le 15 mai
1796, la paix est signée entre la France et le roi Victor-Amédée III.
Ce dernier abandonne tous ses droits hors la Sardaigne qu'il
conserve. Les troupes françaises rentrent en France mais la Vallée
reste occupée, elle formera ensuite un arrondissement du
Département de la Doire au sein de la République cisalpine...
En
1799, les armées autrichiennes et russes chassent les Français
d'Italie, y compris du Val d'Aoste. Mais en mai 1800, Napoléon arrive
en passant par le Grand Saint Bernard avec une armée de 40.000 hommes
pour aller combattre les Autrichiens et leurs alliés. Malgré quelques
opposants qui s'éloignèrent pendant quelques jours et des débordements
commis par des soldats en dépit des ordres reçus, Napoléon fut très
bien reçu dans la Vallée, notamment à Aoste où il logea à l'évêché
(mais l'évêque était parti). Néanmoins, la garnison du fort de Bard
(400 Autrichiens) voulut résister quelques jours mais elle ne put
empêcher le passage de l'armée. Le 14 juin, ce sera la victoire
de Marengo. Napoléon fit démolir la forteresse de Bard qui sera
reconstruite entre 1830 et 1834.
Pendant toute la durée de la
Révolution française et même les premières années de l'Empire, toutes
les maisons religieuses furent réquisitionnées pour loger les troupes.
Après la Révolution, la plupart de ces bâtiments furent vendus pour
payer les dégâts causés par la guerre. De plus, en 1802
Napoléon fit fermer les couvents et nationaliser leurs biens qui furent
vendus au profit de l'état. La monarchie sarde, elle-même, contribua à
l'appauvrissement des établissements religieux. Ainsi en 1796, le roi
Victor-Amédée III, à court d'argent, ordonna que les congrégations
religieuses lui donnent le 1/6 de leur patrimoine, ce qui les obligea à
vendre la plupart de leurs fermes. En 1799, le roi Charles-Emmanuel IV,
invita les corps religieux à l'aider financièrement par des dons plus
ou moins volontaires.
Au traité de Vienne de 1814, la Vallée d'Aoste
fera retour aux états sardes, alors agrandis de l'ancienne république
de Gênes. En 1815, le Val d'Aoste retrouva son statut de Province mais
en 1842 et 1847, on l'unit à la province d'Ivrée et finalement, lors de
la réorganisation de 1859 (loi du 25 octobre), le Val
d'Aoste n'est plus qu'un simple arrondissement incorporé à la province
de Turin.
Mais au fur et à mesure que le centralisme de l'état sarde
progressait se développait un sentiment d'autonomie chez l'élite
valdotaine qui menait bataille pour défendre les spécificités de la
Vallée.
C'est lors du rattachement de la Savoie à la France en
1860 que la vallée d'Aoste se trouva annexée au Royaume d'Italie sans
consultation de la population. Si certains Valdotains étaient
favorables à cette union, pour beaucoup d'autres ce fut un drame car
ils voyaient bien que sans "la sœur savoyarde", les 85000 habitants
francophones de la Vallée d'Aoste ne pèseraient pas lourd dans la
nouvelle Italie de 20 millions d'habitants, alors qu'avec les 500
000 Savoyards la situation eut été plus favorable. Par ailleurs, les
mêmes constataient avec amertume que les Savoyards fêtaient leur
réunion avec la France sans un regard pour les 8 siècles de
rapports étroits avec le Val d'Aoste. (NB : la Vallée d'Aoste dépendait
du Sénat de Savoie à Chambéry)
Dans le nouvel état d'Italie,
le gouvernement voulut prendre des mesures pour rassembler ou unifier
les différentes régions en vue d'en faire un état centralisé et fort.
Une des premières décisions étaient d'unifier le pays autour de la
langue italienne. C'est pourquoi par un décret du 10 août
1860, supprima le français comme langue d'enseignement au collège
d'Aoste.
Les Valdotains cherchèrent à maintenir leurs
particularités mais, bien qu'il n'y eut pas de mesures coercitives,
l'italianisation progressait. De plus, les mauvaises relations entre la
IIIème République française et le royaume d'Italie à la fin du 19ème
siècle ne facilitèrent pas les choses parce qu'elles créaient un
certain sentiment anti-français en Italie. Dans le même temps, la
situation économique fondée essentiellement sur l'agriculture de
montagne et l'élevage par de petites exploitations entraina, à partir
de 1880, un important exode rural en direction de la France, de la
Suisse puis des Etats-Unis.
Cette situation ne fit que renforcer
l'identité collective des Valdôtains pour la défense du patrimoine
culturel et leur espoir de pouvoir déterminer un jour leur
avenir, en particulier retrouver une autonomie vis-à-vis de l'Etat
central italien. Cet espoir était porté non seulement par les élites,
sans distinction de parti, mais par aussi par l'ensemble du peuple et
particulièrement par l'église locale pour sauvegarder leurs
particularités linguistiques, culturelles et ethniques. C'est en 1909,
à l'initiative du docteur Anselme Réan, que fut créé un mouvement
d'opposition : la Ligue Valdotaine.
Le régime fasciste fit tout pour
italianiser complètement la Vallée, supprimer l'enseignement et l'usage
du français et les autres particularités locales. De plus, on refusait
des emplois aux Valdotains non italophones, notamment dans
l'administration et dans les entreprises dépendant de l'état, ce
qui entraina une nouvelle et importante émigration vers la France, la
Suisse et l'Amérique. A Paris, beaucoup de Valdotains occupaient
des emplois de chauffeurs de taxi car à Saint Martin, on avait créé une
école pour les former et pour leur apprendre le plan et le nom des rues
de Paris.
Le régime fasciste alla jusqu'à italianiser les toponymes
valdôtains (mais les anciennes appellations furent reprises
après la chute du régime fasciste); il commença même une mesure
analogue pour les prénoms et patronymes des habitants. Ainsi Daniel
devint Danilo et Mourier devint Murio.
Jugeant l'action de la Ligue valdotaine trop timorée, un groupe
d'action régionaliste créa en 1925 "la jeune Vallée d'Aoste" qui
commença à agir dans la clandestinité contre le fascisme et la
monarchie. Ce groupe était dirigé par l'abbé Trèves et le notaire Emile
Chanoux.
Les choses évoluèrent à la fin de la 2ème guerre
mondiale. Le 10 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile puis
pénètrent dans le sud de l'Italie; Mussolini est renversé puis
emprisonné dans un hôtel des Abruzzes, sur ordre du roi,
Victor-Emmanuel III, mais le dictateur est délivré par un
commando allemand (12 septembre). Les Allemands se transforment
d'alliés en occupants. Le Duce installe, sur l'ordre d'Hitler, une
République sociale italienne (appelée aussi République de Salò, village
au bord de lac de Garde) dans le nord du pays. A Rome, le
maréchal Pietro Badoglio –qui a remplacé Mussolini à la tête du
gouvernement- signe la capitulation le 8 septembre 1943, déclare la
guerre à l’Allemagne le 13 octobre et se joint aux Alliés pour la suite
de la guerre. S'engage alors une guerre civile avec l'Italie du nord
(fasciste) de Mussolini soutenue par les Allemands. L'Italie devient
alors un vaste champ de bataille où s'affrontent plusieurs armées
étrangères.
Dans ce cadre, les militaires
originaires de la Vallée d'Aoste démobilisés suite à la capitulation de
1943, refusent de s'enrôler dans l'armée de la République sociale
fasciste de Mussolini. Ils constituent des brigades de
"partisans" sous les ordres d'Emile Chanoux et organisent la
résistance contre les troupes d'occupation allemandes et les
fascistes avec l'objectif final d'obtenir pour le Val
d'Aoste une large autonomie dans le cadre d'un état italien
fédéral (cf Déclaration de Chivasso du 19 décembre 1943).
Jusqu'à
la fin de la guerre, en 1945, la Résistance subit beaucoup de pertes
dont Emile Chanoux (1906-1944) qui mourut assassiné par les
fascistes. Son nom a été donné à la principale place de la Ville
d'Aoste (ancienne place Charles-Albert).
Le 28 avril 1945, tentant de fuir vers la Suisse, Mussolini est arrêté et exécuté par des partisans communistes.
Après
la guerre de 1939-1945, l’autodétermination régionale du Val d’Aoste
devenait enfin une perspective concrète bien qu’à cette époque la
majorité des mouvements politiques et de résistance plaidaient pour
l’annexion à la France, ce que le général De Gaulle aurait
accepté, mais les Américains s'y opposèrent. Le général reconnut dans
ses mémoires que le Val d'Aoste est tourné vers l'Italie car les
liaisons avec la France sont coupées huit mois par an.
L'idée
d'un gouvernement local élu par les Valdôtains, qui exercerait un
pouvoir souverain sur la région, commence ainsi à prendre corps. Mais
l'indépendance étant utopique et l'annexion à la France impossible, la
seule possibilité pratique était de choisir le fédéralisme à
l’intérieur d'un nouvel État italien, ce que prônait les autonomistes
ayant à leur tête le professeur Frédéric Chabod.
Dès la chute de
Mussolini, et après un siècle de lutte, la Vallée d'Aoste
bénéficie d'un statut provisoire d'autonomie mis en place par les
décrets du gouvernement italien De Gasperi en décembre 1945 et janvier
1946. Frédéric Chabod fut le premier président du Conseil de la Vallée
d'Aoste. Ce statut sera confirmé et précisé par la loi du 26
février 1948. Dans ce statut, il y a autonomie relative de la Vallée
mais il n'y pas d'état italien fédéral. NB : un statut comparable
est accordé à d’autres régions présentant des particularités
linguistiques, ethniques ou économiques dans le but de contrecarrer les
mouvements séparatistes et de protéger les minorités (Sicile,
Sardaigne, Trentin-Haut-Adige et en 1963 Frioul-Vénétie Julienne).
Au
plan économique, on constate depuis la fin de la deuxième guerre
mondiale, une inversion de la tendance démographique et économique avec
un important développement touristique et industriel accompagné d'un
fort exode rural ce qui produit même un flux immigratoire (en 2008, on
dénombre 5000 étrangers). Le revenu moyen de la Vallée est maintenant parmi
les plus élevés de l'Italie.
Pour ce qui est de
l'avenir, les particularismes locaux ont deux ennemis : la
mondialisation et la suprématie de la langue anglaise. Mais, dans le
cadre de l'Europe, on peut imaginer un rapprochement plus grand de
la Vallée d'Aoste et de la Savoie avec les autres régions alpines
dont les intérêts sont largement communs.
3-Organisation administrative de l'état italien et de la région d'Aoste
L'Etat
italien est formé de 20 régions dont 5 bénéficient d'un statut
d'autonomie interne (Val d'Aoste, Sardaigne, Sicile, Frioul-Vénétie
Julienne, Trentin-Haut Adige). Les régions regroupent des départements
(appelés "provinces" ) où un préfet représente l'Etat.
Dans le
cadre de la loi de 1948, les autorités de la Région Aoste
administrent librement la Région pour les affaires intérieures, selon
une définition donnée par la loi.
Les autorités régionales comprennent :
-
un parlement appelé "Conseil de la Vallée", composé de 35 conseillers,
élu au suffrage universel pour 5 ans. Le conseil élit son président.
- un président de la Région élu au suffrage universel
-
un gouvernement composé de 7 ministres, appelés "assesseurs",
nommés par le Conseil de la vallée sur proposition du Président de la
Région. Ils peuvent être choisis en dehors du Conseil (assesseurs
techniques).
C'est le Président de la Région qui a la charge du
pouvoir exécutif (gouvernement et administration). C’est
lui qui représente la Région.
PS: en Vallée d'Aoste, il n'y pas de
département (provincia), ni de préfet: c'est le Président de la Région
qui assume les fonctions dévolues aux préfets existant dans les régions
à régime ordinaire.
Organisation communale : Elle est largement comparable à la situation des communes françaises, mais
-le
maire (appelé syndic) et le vice syndic sont élus directement par les
électeurs, depuis 1995. Dans les listes présentées pour les élections
au conseil municipal, les candidats à ces postes doivent être
précisés (c'est normalement les têtes de liste).
-Le conseil
municipal élit ensuite les assesseurs (adjoints) qui, avec le syndic et
le vice-syndic, sont l'organe exécutif de la commune (appelé "giunta,
junte).
-Pour les communes de plus de 15000 habitants, les électeurs
votent directement aussi pour les adjoints. Sont élus ceux qui ont le
plus de voix.
En
Italie, le nombre de communes est bien plus faible qu'en France : 8101
seulement contre 36 000, dont 74 pour la Vallée d'Aoste..
4-Le patrimoine de la Vallée d'Aoste
4.1 Le patrimoine de la ville d'Aoste
La
ville est caractérisée par un important patrimoine romain. Elle était
un avant-poste de la traversée des Alpes à l'embranchement des routes
des cols du Petit et du Grand St-Bernard. A l'époque romaine, la ville
était appelée Augusta Praetoria Salassorum en l'honneur de l'empereur
Auguste (63 avant JC/14 après, succéda à Jules César).
Parmi
les vestiges romains, on trouve : anciens remparts, tours
de défense, porte prétorienne, théâtre romain avec sa façade de 22
mètres, amphithéâtre de 20.000 places, forum, vestiges de thermes,
pont romain et l'arc de triomphe d'Auguste (construit en 24 av .J-C),
construit en l'honneur de l'empereur Auguste qui vainquit le peuple des
Salasses. Sur cet arc de triomphe, il était écrit en latin "Le
Salasse longtemps défendit ses foyers. Il succomba. Rome victorieuse
ici déposa ses lauriers." (la plaque n'existe plus)
Le patrimoine religieux est remarquable : la collégiale saint Ours du Xème
siècle (fresques, crypte, colonnes, vitraux, clocher, cloitre,
chapiteaux historiés), le prieuré Saint Ours de style Renaissance
(construit de 1494 à 1506), la cathédrale romane du XIIème siècle
mais des éléments sont plus récents comme la façade qui a été refaite
en 1848 ou le cloitre qui date du 15ème siècle, l'Évêché médiéval
remanié au XVIIIème siècle…
Le périmètre d'enceinte des
fortifications romaines de la ville demeure visible en de nombreuses
parties. De plus, les tours sont également visibles comme la Tour du
Baillage, la Tour Fromage, la Tour du Pailleron, la Tour de Bramafam,
la Tour du Lépreux (évoquée dans le roman Le lépreux de la cité d'Aoste
de Xavier de Maistre), la Tourneuve, la Tour des seigneurs de Quart à
Saint-Ours.
Le nom de la Tour du Baillage vient du fait qu'elle
était occupée au Moyen-Age par le bailli, qui était le représentant sur
place du comte (ou duc) de Savoie.
4.2-La vallée comporte un très grand nombre de châteaux du Moyen Age,
une centaine, dont certains sont parfaitement conservés pour n'avoir
jamais été abandonnés. Ils sont alignés comme des sentinelles le
long de la vallée centrale. Présents dans chacune des vallées
latérales, ces châteaux sont les témoins d’une vie féodale
particulièrement riche et intense. Chacun a son caractère, son histoire
et, s’ils ne sont pas tous ouverts au public, leurs silhouettes fait
partie intégrante du paysage. Une particularité est qu'ils étaient
placés de telle façon que chaque château pouvait voir celui placé en
aval et celui placé en amont ce qui leur permettait de communiquer avec
eux par des signes, notamment pour signaler l'arrivée d'un
danger.
Le château de Fénis Parmi les
plus remarquables, on trouve le château de Fénis construit en
1340 par Aymon de Challant . C'est une très imposante forteresse, à la
fois bâtisse militaire et demeure seigneuriale. Les fresques y sont
magnifiquement conservées, ainsi que le mobilier. Il abrite depuis 1936
le musée de l'ameublement valdôtain et depuis 2009, le Musée de
l'artisanat valdôtain de tradition. Le château a été récemment
restauré. Il appartient à la Région.
La famille de Challant est
sans doute la plus illustre de la Vallée. Au cours des siècles, elle a
fourni de nombreux responsables civils, militaires et religieux
(de nombreux évêques…) qui ont servi les comtes et ducs de Savoie
avec zèle et fidélité. Quelques uns sont allés servir d'autres princes.
La famille s'est éteinte au début du 19me siècle.
La forteresse de Bard
Il
s'agit d'une très imposante forteresse construite sur un promontoire
rocheux dominant le bourg de Bard et dont le rôle était de verrouiller
la basse vallée de la Doire Baltée, particulièrement étroite à cet
endroit, pour empêcher l'ennemi de passer. Elle a été construite
par le Régime sarde entre 1830 et 1834 sur les ruines de l'ancienne
forteresse qui existait déjà à cet endroit et que Bonaparte avait
fait raser en 1800 car elle avait retardé le passage de son
armée de 40.000 hommes (400 soldats autrichiens tenaient alors la
forteresse).
PS: c'est à la même époque qu'ont été construits les forts de la
Maurienne (Essaillon, Marie-Christine, Marie-Thérèse…).
Le
fort a été restauré et transformé en centre culturel dédié aux Alpes
sous toutes ses formes. Des travaux très importants ont duré de 1999 à
2006. Le Musée des Alpes a été inauguré en 2007. On y organise
aussi des expositions temporaires. Un restaurant permet d'accueillir
des congrès et des manifestations de toutes natures.
4.3-Les Valdotains sont très attachés à leur folklore et à leurs traditions.
Ils participent à de très nombreuses fêtes et manifestations
organisées tout au long de l'année par les différents
assessorats (ministères) et associations, permettant à la
communauté valdotaine de se retrouver. Un Comité des traditions
valdotaines veille au maintien des traditions.
Ces fêtes sont souvent l'occasion de porter les costumes traditionnels.
Chaque
vallée possède ses costumes, celui pour travailler et celui pour les
grandes occasions, plus richement ouvragé. Pour les hommes, l'habit de
travail doit être solide. Ils sont d'une couleur uniforme, noir pour le
pantalon et le veston, qui a parfois quelques broderies, la chemise est
blanche, béret ou chapeau à large bord protègent du soleil et des
intempéries, un foulard rouge est noué autour du cou.
L'habit
de travail des femmes est généralement de couleur noir avec quelques
petites pièces colorées de rouge ou violet, il est protégé par un
tablier noir. Le corsage est généralement blanc, avec parfois quelques
motifs brodés. Un châle noir est jeté sur les épaules. Les couleurs des
vêtements donnent souvent l'indication de la vallée
d'origine, voire du village. Les costumes de fêtes, que ce soit
mariages, fêtes religieuses ou traditionnelles, sont très
merveilleusement décorés, principalement ceux des femmes.
Les
Fêtes traditionnelles sont nombreuses. En effet, tous les actes de la
vie courante sont une occasion pour organiser les fêtes qui animeront
les villages. Que ce soit à la fin des moissons, la descente des
alpages (la Désarpa), l'époque de l'année ou l'on tue le cochon ( Fetha
dou lard), la récolte des châtaignes, les vendanges, la fin de l'hiver
et ses nombreux carnavals, les veillées d'hiver (la Veilla), les jeux
traditionnels (Palet, Tsan, Filet, Rebatta), les foires et marchés, les
batailles de Reines (combat de vaches de races Hérens ou
Valdostana ), la fête des Guides, les nombreuses fêtes religieuses, et
bien d'autres événements de la vie du Valdotain.
5-Le tourisme et le ski
Le tourisme est une des principales ressources de la Région.
La
Vallée d’Aoste est un véritable paradis du ski. Avec plus de 800 km de
pistes de ski alpin et 300 km de pistes de ski nordique (200 km
de pistes sont munies de système d'enneigement artificiel), 180
remontées mécaniques, 1100 moniteurs de ski, 180 guides de haute
montagne, 8 bases héliski et 111 chalets-refuges.
Des
stations sont mondialement connues : Courmayeur, Breuil-Cervina, la
Thuile, Pila, Cogne, Champoluc… La station de Cogne est le principal
centre de ski nordique.
A noter qu'un téléphérique relie, en 17
minutes, la Ville de Aoste à la station de Pila (plus de 170 km
de pistes, plus de 170 moniteurs, possibilité de skier à plus de 2000
mètres d'altitude ….). De cette station, on a une vue magnifique sur la
Vallée et la chaine des Alpes allant du Mont-Blanc au Mont Rose.
6- L'agriculture
Compte
tenu de l'altitude de la région, on comprend facilement que
l'agriculture soit essentiellement l'élevage, des bovins en particulier
(plus de 30.000 têtes) .
La superficie des pâturages représentent 98% des terres agricoles.
Le nombre d’ovins et de caprins est de 3.000 environ.
En
2006, on comptait 3.480 exploitations, dont la moitié n'employaient que
le seul exploitant, ce qui fait que l’exploitation disparait, le plus
souvent, lors de la retraite ou le décès de l’exploitant.
Entre 2000 et 2006, 191 jeunes seulement se sont installés.
Le
lait sert à faire du fromage dans une trentaine de fromageries dont 17
coopératives. On fabrique essentiellement la fontine.
Des agriculteurs ont commencé à développer le tourisme à la ferme pour augmenter leurs revenus.
PS : autres ressources économiques
: forêts et travail du bois par un très grand nombre d’artisans et
d’artistes (meubles, outils, sculptures et objets d’art…), production
d'électricité d'origine hydraulique et l'aciérie dite "de Cogne" à
Aoste qui fabrique des aciers spéciaux et occupe 800 ouvriers (mais 8
000 vers 1930).
7-Les spécialités alimentaires
Sur
ce point, la situation de la Vallée d'Aoste est assez
comparable à celle des départements savoyards puisqu'on y trouve
largement :
-la charcuterie,
notamment : le jambon de Bosses qui est un jambon cru artisanal et
traditionnel produit en petite quantité. Il bénéficie d'une
Appellation d'Origine Protégée (A.O.P.) (ne pas confondre
le jambon " Aoste " que l'on trouve en France et qui est préparé
dans l'usine d' Aoste en Isère, à 15 km de la Tour du Pin. D'ailleurs,
pour éviter la confusion, le jambon français doit s'appeler depuis 1996
"jambon Aoste" et non "jambon d’Aoste ") .
: la
saouseusse du Grand Paradis, saucisse typique de viande de cochon et de
boeuf, obtenue en mélangeant la matière première avec du vin épicé, des
herbes de montagne, du lard, des épices et des arômes naturels
(cannelle, clous de girofle moulus, noix de muscade et ail). La
pâte, finement moulue, est tendre et savoureuse. Avec le boudin, c'est
la charcuterie la plus traditionnelle des montagnes de la Vallée d'
Aoste.
PS: saouseusse veut dire saucisse en patois valdotain
- le fromage : la fontine C'est un fromage typiquement valdotain. Ses traces remontent au Moyen-âge.
C'est
un fromage à pâte semi-cuite élastique, de couleur légèrement paille,
plutôt mou avec peu de cavités, Il a une saveur caractéristique, douce
et délicate, il fond dans la bouche.
C’est au XVIIe
siècle que ce fromage a été appelé "Fontina". Dès ce moment-là, il se
retrouve très souvent dans les événements historiques du Val d’Aoste.
La
fontine est obtenue avec du lait de vache, entier et cru, provenant
d’une seule traite. Aujourd'hui encore, on le travaille en utilisant
des techniques vieilles de plusieurs siècles. Son affinage est naturel
et se fait pendant une période moyenne de trois mois.
Il est
très riche en ferments lactiques vivants et en vitamines A, il
contient également des protéines, du calcium et du phosphore, ce
qui en fait un aliment nourrissant de qualité, très digeste et bien
toléré.
Il convient en particulier à la préparation de plats de
qualité, que ce soit des hors-d'œuvre ou des plats principaux, surtout
dans les recettes de la tradition populaire valdôtaine, telle que la
Fondue. Excellent comme fromage de table, il s’accompagne de vins
rouges au goût plein.
La marque du Consortium est imprimée à l’encre sur l’une des faces de la meule.
La fontine ressemble au fromage d'Abondance tant par la forme, le volume et le genre de fabrication.
Vins
: malgré l'altitude, la Vallée compte une vingtaine de vins
d’appellation d’origine contrôlée et autant de producteurs. Chaque
année, Aoste organise un grand concours international de vins de
montagne. Les vignobles du Valdigne sont les plus hauts d’Europe
(1200 mètres, commune de Morgex). Le climat de la Vallée sec et chaud
au cours de l'été est favorable à la vigne.
8-L'Université
La
Vallée d’Aoste a son Université depuis l’année 2000. Elle a
progressivement grandi et l’offre actuelle s’axe autour de
:
• cinq Facultés : Sciences de l'Économie et de
la gestion d’entreprise (notamment économie du tourisme et de la
montagne), Psychologie, Sciences de la formation, Langues et
communication, Sciences politiques et des relations internationales)
• l’école de spécialisation pour les professeurs de l’enseignement secondaire
• le Centre des Langues Étrangères (pour professeurs et étudiants).
L'enseignement
est assuré en italien et en français, mais aussi en anglais. Des
rapports sont organisés avec l'université de Savoie, notamment dans le
cadre de Erasmus.
L'université participe à la vie locale, elle
organise aussi des cours de formation continue, des
conférences pour la population et des congrès.
Pour les autres
disciplines (Sciences et techniques, droit, médecine…) les étudiants
doivent toujours fréquenter les universités italiennes; notamment celle
de Turin.
9-La langue française en Vallée d'Aoste
Lorsque
la Vallée faisait partie des états de Savoie, elle était une région
francophone dans laquelle deux idiomes se soutenaient réciproquement :
le patois valdotain (comme langue de communication orale) et le
français (comme langue de culture et de communication écrite). En 1561,
le duc Emmanuel-Philibert déclare le français langue officielle
en remplacement du latin pour la partie ouest de son duché et la Vallée
d'Aoste, c'est à dire là où la langue était déjà pratiquée (édit de
Rivoli du 22 septembre 1561 ; au Piémont et à Nice, c’était le toscan).
Ceci a toujours été confirmé par la suite, y compris par la
constitution de 1848. PS : à la chambre des députés, les parlementaires
s'exprimaient en français ou en italien et les lois devaient être
écrites dans la langue de la région où elles s'appliquaient.
Après
l'intégration de la Vallée au royaume d'Italie, la langue italienne
s’est rapidement diffusée dans tous les domaines de la société.
Au
cours de la période fasciste, les actes de la dictature s’attelèrent à
faire disparaitre les langues valdôtaines par la
suppression des écoles de hameaux (108) en 1923 et des
panneaux routiers bilingues en 1924, l’abolition du français dans
l’administration publique, les tribunaux et les écoles en 1925 avec
l'interdiction de l'enseigner. A partir de 1927, on traduit les
toponymes en italien, ce qui est achevé en 1939. De même, on poussa les
gens à italianiser leurs nom et prénom, notamment à l'occasion d'actes
officiels, comme les déclarations de naissances.
Par ailleurs, le
régime fasciste s'efforça d'implanter dans la région une population
100% italophone, notamment pour les besoins de main d'œuvre de
l'aciérie de Cogne (alors 8 000 ouvriers) en faisant venir
des ouvriers du Sud ou de la Vénétie. On refusant les emplois aux non
italophones.
Toutes ces actions ont évidemment conduit à une baisse
importante du français si bien qu'aujourd'hui en vallée d'Aoste, on
peut estimer que le français n'est la langue maternelle que pour
5 % environ de la population.(et probablement moins), mais 12 à
15% parle couramment le français et 3 personnes sur 4 connaissent plus
ou moins bien le français surtout à l'écrit pour l'avoir appris à
l'école. En revanche, 100% des habitants connaissent et
pratiquent l'italien, c'est de loin la 1ère langue, c'est la
langue de tous les jours.
Après la chute du fascisme, on est revenu
à l'appellation française des toponymes et on a autorisé les habitants
dont le nom ou le prénom avait été italianisé à le
franciser (exemple : Danilo redevient Daniel ou Murieri
redevient Mourier).
Pourtant, au plan légal le français est
langue officielle au même titre que l'italien comme le prévoit la
loi de 1948 dont l'article 38 est ainsi rédigé :
.
"La langue
française et la langue italienne sont à parité en Vallée d’Aoste.
Les actes publics peuvent être rédigés dans l’une ou l’autre langue, à
l’exception des actes de l’autorité judiciaire, qui sont rédigés en
italien.
Les administrations de l’Etat prennent à leur service dans
la Vallée, autant que possible, des fonctionnaires originaires de la
Région ou qui connaissent le français."
Le bilinguisme
français-italien constitue l’un des points fondamentaux du Statut
d’Autonomie de 1948 et l’égalité dans l’emploi de la langue française
et italienne en est un des aspects les plus caractéristiques.
Cette situation joue un rôle d’une importance capitale dans
l’organisation scolaire, partagée en école maternelle, école primaire,
école secondaire de 1er et 2ème degrés. Dans le domaine scolaire, c’est
toujours le Statut spécial qui permet d’adapter les programmes
scolaires nationaux aux exigences socioculturelles et linguistiques
locales. C’est ainsi que toute classe d’âge scolaire, de l’école
maternelle à la secondaire supérieure, reçoit l’apprentissage de
l’italien et du français pendant un nombre d’heures équivalent et, dans
les trois premiers cycles de l’école, les étudiants valdôtains peuvent
étudier une partie des disciplines en français. La quatrième épreuve de
français à l’Esame di Stato a marqué une étape importante pour
l’application du bilinguisme dans l’école secondaire de 2ème degré dont
l’objectif est de vérifier les capacités d’expression et de critique
des candidats.
Toutefois, dans la réalité quotidienne, il
apparaît que le français n'est pas considéré à l'école à égalité
avec l'italien car la règle d'égalité est mal respectée et
surtout parce que le bilinguisme n'est pas pratiqué réellement,
seuls les cours de français sont en français, pratiquement
partout les autres matières s'apprennent en italien. De fait, l'italien
est la langue courante à la maison, à l'école et dans la rue, le
français devient de plus en plus une langue étrangère, certes une
langue étrangère privilégiée car elle est la principale
justification du statut particulier d'autonomie de la Vallée d'Aoste.
Pour
ce qui concerne les rapports avec l'administration locale ou régionale,
les valdotains peuvent utiliser le français mais les fonctionnaires ne
sont pas obligés de répondre en français et ils ne le font jamais ou
presque; de plus, les administrés francophones craignent que
l'utilisation de leur langue ne soit une cause de retard dans la
résolution de leurs problèmes, ils sont donc pratiquement conduits à
recourir à la langue italienne tant à l'oral qu'à l'écrit.
Quant aux hommes politiques, ils ne donnent pas le bon
exemple dans leur discours car la plupart d’entre eux se
contentent d'un bref passage en français au début ou à la fin de leur
discours, que ce soit à leurs électeurs ou à la presse… Hors de
la Vallée, beaucoup d'Italiens, dont de nombreux députés, estiment que
la part actuelle du Français dans la Vallée ne justifie plus un régime
politique particulier.
Enfin, il faut noter que pour les
Valdotains dont la langue maternelle pratiquée à la maison n'était pas
-ou n'est pas- le français ni l'italien mais le patois, le passage à
l'italien ne représente pas l'abandon de leur langue maternelle.
Mais il y a des espoirs permettant de croire que le français continuera à être utilisé et parlé dans la Vallée, notamment:
- Des associations se battent pour que le français continue à être enseigné dans les écoles et utilisé dans l'administration.
-
La Région dispose d'un Service de promotion de la langue
Française dont l'activité consiste à traduire les textes
officiels et à promouvoir l'usage du français dans l'administration.
-Depuis
1988, l’Administration régionale verse une prime de bilinguisme à tous
les fonctionnaires bilingues, une somme non négligeable.
- la
Région est un membre actif de la Francophonie et entretient des
relations privilégiées avec le monde francophone. Chaque année est
organisée La Semaine de la Francophonie et la section francophone de la
Saison Culturelle propose de la musique, du théâtre, des films et
des conférences.
-- la création de l'université à Aoste permet de
recruter des enseignants du primaire francophones puisqu'ils doivent
être titulaires d'un diplôme d'enseignement supérieur qui auparavant ne
pouvait être acquis que dans une université italienne où l'enseignement
se faisait évidemment en italien
- des contacts existent entre les
services d'enseignement français, italiens et valdotains (projet
ESABAC : bac franco-italien, formation des enseignants, accord entre
les ministres de l'Education nationale du 17 juillet 2007 pour des
actions communes, échanges de lycéens et d'étudiants…)
- un lycée a une section internationale
- l'université d'Aoste entretient des contacts avec l'université de Savoie
- un centre de l'Alliance Française existe à Aoste (enseignement de la langue et de la culture françaises)
présence de l'alliance française et d'un attaché linguistique à l'ambassade de France à Rome
PS : Aoste est jumelée avec Narbonne
Remarques et compléments
a-
l'anglais est enseigné dans l'enseignement secondaire et, depuis 1998,
il a été introduit dans le primaire en tant que "langue étrangère".
Pour les italophones de souche, la question se pose de savoir s'il faut
privilégier l'anglais par rapport au français.
b- les
toponymes (noms des lieux) ne sont pas traduits, ils sont
soit en français, soit en italien. Il y quelques exceptions, comme
Aoste et Aosta.
c- une vingtaine de chaines de télévision sont diffusées dans la Vallée mais 2 seulement sont entièrement en français
d-
le français a peu ou pas de place au dans la presse écrite locale
et la publicité. Il y en a davantage dans les magazines locaux. C'est
le cas de l'almanach "Le Messager valdotain", publié une fois par an.
Toutefois, on constate que chaque année la part accordée au français
diminue.
e- le Walser : Il existe en Vallée d'Aoste quelques
communautés parlant une langue germanique, le walser. Il s'agit de
descendants du peuple alaman qui du 12 au 14ème siècle quittèrent le
Valais pour s'installer dans la haute vallée du lys et y créèrent les
villages de Issime et de Gressoney (au sud du Mont Rose) dans des
zones alors inhabitées. Quelques autres ilots existent dans l'est de la
Vallée. En Italie, il existe aussi des Walsers dans les régions
du Frioul-Vénétie Julienne et de Trente. En tout, cela ferait
environ 3000 locuteurs de langue walser, dont 600 au Val d'Aoste. Le
mot walser vient directement du mot valais (Wallis en
allemand). A la même époque, des Walsers
émigrèrent aussi dans d'autres régions, comme la Susse romande ou la
Savoie, où ils exerçaient les métiers de maçons ou de charpentiers.
Conclusion
: Au plan juridique, la langue française est sur le même plan que la
langue italienne mais dans la pratique tout est fait pour la
prééminence de l'italien
10-Patois valdotain
Le patois valdotain est une langue romane, comme
l'italien ou le français. Il fait partie des langues regroupées dans le
franco-provençal qui s'étend en France (Savoie, Lyonnais..), en Suisse
et en Italie, essentiellement au Val d'Aoste.
Le patois local est
encore parlé assez couramment par les adultes dans les vallées
latérales, alors que la vallée centrale s'est italianisée. Comme
en Savoie, le patois valdotain est en grand risque de perdition. Des
spécialistes estiment qu'il aura disparu dans une génération.
Dans
le domaine de l'éducation, le patois valdotain ne figure dans aucun
programme officiel. Toutefois, des écoles primaires
proposent une option facultative mais, le plus souvent, on ne l'aborde
que dans le cadre des recherches scolaires sur la tradition
culturelle par exemple la viticulture, la cuisine traditionnelle et la
toponymie ou pour les fêtes de fin d'année ou la participation à
des manifestations folkloriques (chants, théâtre…).
Il existe aussi des cours pour les adultes dispensés, notamment, par l'Ecole populaire du patois.
Pour
garder cette culture, un institut a été créé à Saint Nicolas. On y
organise des rencontres régionales et transfrontalières avec le Valais
et les Savoie, des stages, une bibliothèque….
Exemple de
prononciation : le nom de la ville de "Morgex", se prononce en Aoste
"Morgé", comme on le pratique en Savoie pour Excénevex ou Bex en
Valais.
11-Foire de la Saint-Ours (en italien Fiera di Sant'Orso, en patois valdôtain Fèira de Sènt-Or)
Selon la légende, la première foire fut organisée en l'an 1000.
C'est
la foire de l'artisanat typique et de tradition du Val d'Aoste la plus
prestigieuses de la région. Elle a lieu chaque année les 30 et 31
janvier. Elle rassemble environ un millier d'artisans et
d'artistes venant de toutes les vallées.
Au départ, elle
fut d’abord une foire aux objets fabriqués avec les matériaux dont on
disposait sur place, qu'il s'agisse d'objets de première nécessité (
assiettes, cuillères, écuelles, paniers, échelles, barils, meubles,
sabots, tasses pour le vin qu'on appelle "grolles", ….) ou
d'objets religieux. Aujourd'hui, elle est devenue largement une
foire d'objets décoratifs ou d’art. C'est aussi, et de plus en plus,
une manifestation touristique qui attire des milliers de personnes
venant du nord de l'Italie, de Suisse et de France.
Bien entendu, on
y trouve aussi tous les produits alimentaires et spécialités
valdotaines et des groupes folkloriques valdôtains font
l'animation.
12- Espace Mont Blanc
Un
schéma de développement durable pour le secteur du Mont-Blanc a été
approuvé par une conférence transfrontalière (France,
Aoste, Suisse) en 2006.
Ce programme, qui bénéficie de fonds
européens, se traduit par des applications concrètes, comme le Centre
d'expositions et de bivouac à la petite caserne du Col de la Seigne
dont la structure constitue un projet pilote pour l’emploi de sources
renouvelables en haute altitude : l’approvisionnement en énergie est
complètement assuré par un système qui combine panneaux solaires,
installation photovoltaïque et microcentrale hydroélectrique.
Des
projets de plus grande envergure sont à l'étude dans le cadre d’un Plan
intégré transfrontalier d’application du Schéma de développement
durable de l’Espace Mont-Blanc
Ce Plan prévoit la réalisation d’actions sur quatre lignes prioritaires d’intervention:
-identité et mise en valeur du patrimoine du Mont-Blanc
-économie durable et qualité de la vie
-gestion intégrée du territoire, de l’environnement et du paysage
-mobilité douce.
13- Les saints valdotains
Saint Ours (mort en 529)
C'est un des saints les plus populaires de la Vallée. Il naquit en
Irlande, alors pépinière de grands saints (saint Colomban…).
Arrivé à Aoste, son comportement exemplaire lui vaut d'être nommé
très rapidement archidiacre de la cathédrale, c'est à dire dans
la charge la plus importante auprès de l'évêque, le futur saint Joconde.
Ce
qui distinguait saint Ours c'était surtout sa compassion pour
toutes les misères et les infortunes et, selon la légende, il
accomplissait des miracles en leur faveur. C'est ainsi que pour aider
les paysans de la vallée du Buthier victimes de la sécheresse, il
frappe un rocher avec son bâton et il en jaillit de l'eau. La source
coule toujours aujourd'hui (fontaine de saint Ours au hameau de
Busseya).
Souvent, on le voyait distribuer des
souliers ou des socques (sabots) aux pauvres. Cette pratique se fait
encore en souvenir du saint. Selon la tradition, il apprit aux ayassins
l'art de fabriquer les sabots : les sabotiers d'Ayas sont aujourd'hui
connus partout en Vallée d'Aoste pour leur habileté.
Ce qui fit à
jamais la gloire de saint Ours c'est d'avoir contribué, dans des
circonstances dramatiques, à maintenir la foi dans le pays
d'Aoste et, à cet effet, d'avoir créé une collégiale de chanoines
réguliers qui prirent ultérieurement le nom de Chanoines de Saint
Ours et dont l'objet était de se livrer corps et âme au service
de la foi catholique. Ces circonstances étaient qu'à la mort de
l'évêque Joconde, les Ariens parvinrent avec l'aide du roi Théodoric à
faire nommer un évêque arien, dont le nom était Plocéan,.mais sans
respecter les règles canoniques. (NB : l'arianisme est une hérésie
consistant à refuser de croire à la divinité du Christ et donc ne pas
reconnaître le dogme de la sainte
trinité). Dans ce contexte,
Saint Ours essaya de convaincre son nouvel
évêque de revenir dans la vraie
foi, n'y parvenant pas il quitta son poste d'archidiacre et avec des
fidèles alla créer ce qui devint la
collégiale de Saint Ours au Bourg.
Un jour, un
serviteur ayant fait un manquement, l'évêque Plocéan le fit
battre et flagellé de manière barbare, il en survécut et alla voir
Saint Ours. Ce dernier lui dit "allez dire à votre évêque de ma part "
"vous mourrez dans peu de jours suffoqué par les démons et entrainé par
eux dans les enfers" et il ajouta pour le serviteur
"préparez-vous et je vous suivrai de
peu". Effectivement, l'évêque mourut dans
la nuit, le domestique expira le même jour et Saint Ours
quelques jours après, c'était le 1er février 529.
Saint Ours fut
enterré dans la collégiale, appelée depuis "la confession de saint
Ours". Ses ossements furent mis dans une chasse en argent doré en 1358
qui se trouve actuellement dans le maitre autel en marbre construit en
1738.
Saint Ours ne tarda pas à être vénéré d'un culte public.
Beaucoup de paroisses le prirent comme patron et même des villages le
choisirent pour nom (en Savoie aussi). NB : le nom
"ours" n'est pas courant en français, on n'en connait pas
l'origine. Sans doute est-ce une mauvaise prononciation de son nom
irlandais.
Saint Grat
(775-810)
Né à Sparte, il devint professeur de philosophie à
Athènes. Embrassa la vie religieuse et entra chez les moines de saint
Basile à Ephèse et y enseigna la théologie, puis il est nommé évêque
d'Aoste où il arriva en 776. Après une vie de travaux, de prières, de
sacrifices, il mourut en 810 et fut enterré dans la crypte de la
cathédrale. Il est le saint patron de la Vallée d'Aoste.
Saint Bernard de Menthon
Il
naquit en 996 au château de Menthon sur les bords du lac d'Annecy. En
l'an 1025, ses parents voulurent le marier mais lui voulait devenir
prêtre. La veille du jour prévu pour le mariage, il s'enfuit du château
et alla à Aoste où il avait un parent, Pierre de Duin, qui était
archidiacre du diocèse (donc le numéro 2). Ce dernier
l'accueillit et le prit dans le groupe des novices des chanoines
de la cathédrale.
Dès qu'il fut prêtre, Bernard se lança dans
des activités missionnaires et évangélisa bon nombre de villages de la
Vallée en privilégiant l'éducation du peuple et la réforme des mœurs.
A
la mort de l'archidiacre Pierre de Duin, il fut élu pour le remplacer.
Il occupa ce poste jusqu'à sa mort, pendant 42 ans. Il redoubla alors
de zèle et étendit son action aux régions voisines en allant prêcher en
Tarentaise, à Genève, à Sion, au Piémont, en Lombardie…
En 1081,
étant à Novare, il se rend à Pavie pour rencontrer l'empereur
germanique Henri IV (celui de Canossa) et le convaincre de faire
la paix avec le pape. N'y étant pas parvenu, il retourne à Novare où il
mourut le 12 juin 1081 après une maladie de 6 semaines et pendant
laquelle il fit plusieurs guérisons miraculeuses en faveur de ses
nombreux visiteurs. Il a été enterré dans l'église Saint Laurent de
cette ville.
L'œuvre universellement connue de Bernard de Menthon
est la création des hospices des cols de Mont-Joux et de la
Colonne-Joux pour accueillir les pèlerins et voyageurs et chasser les
brigands qui rançonnaient les voyageurs. C'est en l'honneur du saint
que ces cols furent renommés "Grand-Saint-Bernard" et
"Petit-Saint-Bernard".
Le culte du Saint commença très rapidement
après sa mort. Il fut inauguré par l'évêque d'Aoste, Arumptius, vers
l'an 1087. La tombe du saint a disparu lors de la destruction de
l'église Saint-Laurent de Novare en 1553 mais il existe des reliques du
crane dans la cathédrale d'Aoste, au Grand Saint Bernard et dans
la cathédrale de Novare.
Saint Anselme (1033-1109)
Il
naquit à Aoste, y passa sa jeunesse et étudia au prieuré de
Saint-Bénin. Il passa le reste de sa vie en France et en Angleterre. Il
fut un très grand philosophe.
Voulant devenir moine, il chercha un
monastère susceptible de lui fournir des maitres habiles dans
l'enseignement des hautes sciences. Il s'arrêta au monastère de
Bénédictins du Bec en Normandie où existait une école de philosophie.
Il s'y fit religieux et commença son noviciat. Il avait alors 27
ans. Puis, il fut admis au sacerdoce. Malgré son peu d'ancienneté et
son jeune âge (30 ans), il est choisi pour remplacer le prieur parti
dans un autre monastère.
Sa renommée de bonté, de science, de
sainteté se développe rapidement. De partout, on accourt au Bec pour
bénéficier de son enseignement.
Après 15 ans comme prieur, les
moines l'élisent abbé, en 1078, pour remplacer l'abbé décédé. Cinq ans
après, il est nommé archevêque de Cantorbery. Cette nomination avait
été facilitée par le fait que l'abbaye possédait de nombreux domaines
en Angleterre que l'abbé visitait souvent et que, par ailleurs, il
était bien connu du duc de Normandie/roi d'Angleterre qui avait donné
son accord à sa nomination d'abbé du Bec (NB: le duc de Normandie était
roi d'Angleterre depuis le débarquement de 1066 et devint alors
Guillaume-le-conquérant).
NB : Ne pas confondre cet
Anselme avec l'évêque d'Aoste qui céda sa charge de comte à
Humbert 1er de Savoie, qui avait épousé sa sœur, Ancilie.
14-Les immigrés au Val d'Aoste
Bien
que le Val d'Aoste soit une région de montagne aux hivers enneigés et
rigoureux, on y trouve des immigrés venant pour une grande part du
continent africain.
Le nombre des immigrés progresse si bien que la vallée devient petit à petit une terre multiethnique.
À
la date du 31 décembre 2006, les citoyens étrangers résidant dans la
région étaient au nombre de 5.544:, dont 2.352 d’origine
européenne, 2.422 d’origine africaine, 515 d’origine américaine,
252
d’origine asiatique et 3 originaires d’Océanie, soit presque
4,5% de la population. La plupart de ces immigrés trouvent
du travail dans les secteurs du tourisme et du bâtiment.
Les pays les plus représentés sont : le Maroc (39%), l’Albanie (20%) et la Moldavie (16%).
15- Faire des recherches de généalogie en Vallée d'Aoste
Les recherches en Italie commencent en général, comme en France, dans les mairies.
L'état-civil
a été mis en place en 1860. Auparavant, il faudra se
rapprocher des curés pour consulter les registres paroissiaux, qui sont
encore dans les cures en Italie.
Avant de se déplacer, il faut
prendre rendez-vous avec les mairies, et il sera impératif de prendre
rendez-vous sur place avec les curés.
Par ailleurs, les italiens ne
sont pas encore mordus par la généalogie comme le sont les Français.
Les recherches sont surtout le fait de descendants des très nombreux
émigrés du 20ème siècle et dont, sur place, on craint qu'ils ne
viennent voir qu'il n'y aurait un part d'héritage à recueillir.
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Sources : Histoire de la Vallée d'Aoste de l'abbé Henry, publié en 1929, 5ème édition en 1981
Le pays de la Doire et son peuple de Augusta Vittoria Cerutti (Editions Musumeci à Quart, Aoste)
Le Petit Saint Bernard de Gisèle Gaide, Odile Mérendet, Jean-Luc Penna, (La Fontaine de Siloé 1996)
Le Val d'Aoste : Tradition et Renouveau de Bernard Janin
(Musumeci éditeur, 1991)
Informations diverses publiées sur internet, notamment sites de la Région et de la Ville d'Aoste.
Compléments recueillis sur place lors d'un voyage .avec les Valdotains de Lyon.
LPD 5 mars 2010
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